Naturopathie verticale 2 : Chapitre 1/3

comment favoriser notre auto-guérison à la suite d’une blessure ?

Introduction :

Rappel de quelques notions du précédent article. 

Dans le précédent article sur les préventions des blessures en escalade, j’ai abordé différents points qui seront repris succinctement :

1- L’acidification tissulaire naturelle dû au sport, au métabolisme, à l’alimentation et à l’élimination (le manque de bonne circulation sanguine et/ou d’un émonctoire affaiblit).

2- L’inflammation et le stress oxydatif (réaction naturelle nécessaire mais qui demande une bonne homéostasie du corps)

3 – L’hygiène de vie et l’alimentation anti-acidification avec le tableau PRAL.

Ces trois points sont importants à garder à l’esprit car ce qui suit s’appuiera sur ces bases afin d’aborder les différents types de blessures en escalade ainsi que les différents moyens de favoriser l’auto-guérison du corps.

J’invite donc toute personne ne l’ayant pas lu, à le lire en amont car il apportera une meilleure compréhension de l’article ci-dessous.

I / Le principe d’auto-guérison du corps :

Notre corps, petite merveille de ce monde qui s’est auto-construit (en partenariat avec moultes populations de bactéries et autres micro-organismes), s’est appuyé sur les lois fondamentales et immuables de la nature pour toujours être et rester en adaptation dans le mouvement qu’est la vie.

Parmi ces différentes lois, on retrouve la loi de :

vibration : tout est vibration. CQFD

polarité : plus, moins, que l’on retrouve partout dans la biochimie de notre corps pour permettre la communication et les échanges cellulaires (Na+, Cl-).

genre : notion de masculin et de féminin (qui est en tout et qui n’est pas que caractéristique de notre appareil reproducteur).

cycle : tout est cyclique ! Les saisons, le jour et la nuit, la naissance et la mort, les périodes féminines (qu’on nomme aussi lunes!).

énergie, auto-guérisons, vie, nature, corps humain

Dans ces cycles naturels et perpétuels, il y en a un qui va nous intéresser, c’est celui de la destruction, du chaos et de la stabilité. En effet, lorsqu’on se penche un peu plus près sur le fonctionnement de notre corps, son équilibre, son homéostasie repose constamment sur cette balance entre le chaos et la stabilité pour donner comme résultat, l’équilibre. 

Exemple très simplifié avec nos os qui ont besoin d’être détruits par nos cellules en permanence pour être reconstruits et conserver une solidité pérenne et ce, grâce à ce renouveau constant (bien entendu si la balance reste équilibrée).

 

Et bien je t’invite à imaginer que dans ton corps, et pas qu’au niveau des os, ce principe, est présent partout ! 

Un des phénomènes de chaos aussi bien connu qu’important dans le principe d’auto-guérison, c’est l’inflammation.

Pour passer d’un état stable à un autre état stable, le chaos est un passage obligé. Le chaos dans un tissu organique est consécutif à un apport d’énergie qui déstabilise l’équilibre ambiant : l’inflammation à un rôle fondamental dans cette évolution complexe du vivant”*.

L’inflammation est le chaos qui, s’il est temporaire et contrôlé, contribue à une évolution, et dans le cas idéal, cette évolution est la guérison.

C’est grâce à cette balance que ton corps trouve la capacité de s’adapter et de s’auto-guérir. Par exemple, lorsque tu te brûles ou que tu te coupes, ton corps va provoquer une inflammation localisée qui va permettre par la suite de recréer des cellules pour reconstituer les différentes couches de ton épiderme, et donc se réparer et cicatriser.

En Naturopathie, ce principe d’auto-guérison est un des piliers fondamentaux sur lequel nous nous appuyons pour apporter au corps tout ce dont il aurait besoin pour lui faciliter et favoriser sa guérison. 

Bien entendu tout ça va se placer à différents niveaux : hygiène de vie, sommeil, respiration, gestion du stress, écoute émotionnelle, alimentation, hydratation etc. .. Cependant lorsqu’il y a eu blessure, il est parfois nécessaire de passer par la complémentation de certaines plantes, huiles essentielles et complexes micro nutritifs pour potentialiser la fonction d’auto-guérison du corps. Avec en plus une approche de santé complémentaire, c’est-à-dire en associant différentes approches thérapeutiques pour potentialiser les effets des pratiques associées dans le but d’accélérer les processus de guérison. Par exemple en associant des séances d’Ostéopathie et de Naturopathie, ou de Kinésithérapie et de Naturopathie ou même Hypnothérapie et Kinésithérapie etc …  

II / Les blessures en escalade : par Julien REMILLIEUX

1 – Les différents types de blessures en escalade ?

Les pathologies abordées ci-dessous sont une liste non exhaustive des principales lésions que l’on peut retrouver dans la pratique de l’escalade.

Tendinopathie au coude du aux sollicitations en escalade

Tendinopathies aux coudes : Souvent liées à une tension excessive que cela soit sur les tendons fléchisseurs (côté interne) ou extenseurs (côté externe), il est primordial d’adapter rapidement sa pratique pour éviter que les douleurs persistent.

Tendinopathies d’épaule : Elles apparaissent en général après un mouvement forcé auquel l’épaule n’est pas habituée et d’autant plus si nous avons répété plusieurs fois ce mouvement au cours d’une séance.

Epaule tendinite douleurs inflammation

Lésions (partielles ou totales) de poulies : Les poulies sont un vaste sujet, retenez que l’apparition d’une lésion à ce niveau peut s’installer progressivement ou brutalement (le fameux clac). La douleur est souvent localisée en regard de la première ou deuxième phalange, pris à temps lors d’une apparition progressive le retour à l’escalade peut être très court, en revanche dans le cas d’une rupture complète c’est minimum 2 à 3 mois avant de toucher des prises !

Entorses de chevilles : très courante en bloc, selon le stade de gravité il peut s’écouler de 1 semaine à 8 semaines avant la reprise de l’escalade. Parmi les signes de gravité on notera l’impossibilité de marcher ou de faire quelques pas à chaud après l’entorse, l’apparition d’un hématome, ou encore des douleurs à la palpation des os du pied ou des malléoles. Si ces signes sont positifs, il peut être judicieux de faire une radio pour exclure tout signe de fracture.

naturopathie et tendinopathie

Ténosynovite des muscles fléchisseurs : Vos tendons fléchisseurs des doigts sont enveloppés dans une gaine dans laquelle il y a un liquide synovial. Cette gaine peut être irritée et douloureuse lors de contraintes répétées. La douleur ressentie peut suivre classiquement le trajet du tendon, éventuellement jusque dans la paume de la main. Il faudra reposer les muscles fléchisseurs et avoir une reprise très progressive lorsque la douleur le permet et que le doigt à récupéré une bonne amplitude.

Lésions musculaires des lombricaux : Ces petits muscles qui ont l’aspect d’un lombric (petit ver) prennent leur origine dans la paume de la main pour finir le long du doigt. Utile notamment pour la dextérité, ils sont mis en tension quand un doigt est fléchi alors que son voisin est tendu. La lésion arrive donc souvent en mono, bi ou tri-doigt. Comme toute lésion musculaire il faudra reposer puis entraîner progressivement le muscle aux différents régimes de contraction et à l’étirement.

naturopathie muscles lombricaux douleurs escalade

Lésions musculaires des ischios jambiers : Ces muscles sont localisés à l’arrière de la cuisse, ils permettent entre autres la flexion du genou et sont donc sollicités lors des crochets de talons. Ces mouvements demandent un échauffement spécifique, on peut avoir grimpé pendant plus d’une heure, si l’on force intensément sur un talon haut sans y avoir préparé ses muscles de la cuisse, on sera moins performant et on augmentera de manière importante le risque de blessure.

naturopathie et tendinite ischios jambier douleur

Voici un tableau présentant des exemples par rapport à l’évaluation du mode d’apparition de certaines blessures en escalade :

2 – Pourquoi nous nous blessons ?

Pour répondre à cette question, commençons par une première réponse très simple mais qui apportera un morceau de compréhension : c’est multifactoriel !

Nous avons différentes manières d’aborder notre corps, et cela ne se résume pas seulement à un aspect physique et mécanique. Il va rentrer en jeu d’autres facteurs qui parfois même dépassent notre compréhension ou nos connaissances, cela nous ramène toujours à une forme d’humilité face au corps humain dont nous ne savons pas tout de lui.

Pour citer quelques uns de ces facteurs (en ne sachant pas vraiment quel est leur degré d’importance dans le déclenchement ou non de certaines blessures) on va retrouver : 

la fatigue (est-ce que je dors assez, ai-je un sommeil réparateur ?

– les différents métabolismes (certains transpirent, d’autres ont un terrain propice à l’inflammation etc … )

– la physiologie (on n’a pas tous le même taux de fer sanguin ou le même taux de glucose à jeun)

l’alimentation (suivant comment je me nourris, cela aura une influence sur ma vie. Certains mangent avant leur sport, d’autres ne supportent pas de manger avant un effort…)

– la respiration (suis-je au courant que je respire ? Si oui, comment je respire ?)

– les émotions (stress, colère, tristesse, joie, quel est mon tempérament et comment je réagi face à mes émotions ?)

– le mental (ce que je me dis dans ma tête tout bas, que je ne dis pas tout haut et surtout envers moi-même, et que jamais je ne dirais à quelqu’un… notre discours intérieur, nos croyances, notre identité virtuelle = MOI, JE).

– la surcharge mécanique et le manque de progressivité

Tous ces différents facteurs peuvent paraître capillotractés quant à leur lien avec l’apparition d’une blessure et pourtant… Si nous prêtons attention au moment précédant l’apparition de la blessure, nous pouvons souvent entendre ceci juste après : « Je le sentais ! », ou bien « J’en étais sûr, je l’ai senti venir ». Bien entendu ce n’est pas systématique, cependant assez courant. Alors qu’est-ce qui fait qu’on se rende compte après coup que ça pouvait arriver ? 

Parce que nous sommes tributaires de tous ces facteurs internes ou environnementaux et en fonction de leur surcharge, cela peut conduire à se faire mal.

Par exemple : Je sors du travail, je le fais un peu parce que je suis obligé mais je n’en ai pas envie, ce que j’aimerais c’est retrouver ma liberté de mouvement. Alors je vais aller grimper ! Dans ce contexte, je vais à l’escalade avec à l’intérieur de moi un conflit latent vis à vis de mon travail, qui me génère du stress, des tensions, peut-être des émotions tel que de la colère ou de la frustration. 

C’est difficile pour moi puisque je suis quelqu’un d’un peu perfectionniste, et dans mon système de croyance je pense que « je dois être parfait pour réussir, intégrer la société, ou être reconnue » car si je ne suis pas dans la performance tout le temps, je risque de perdre gros. 

Tout ça vient générer un discours « conflictuel » intérieur, alors je vais aller grimper pour m’aérer l’esprit et ne plus penser à tout ça, en plus ce midi j’ai mangé au restaurant c’était bien gras et sucré alors je vais aller me dépenser…  

Je vous le donne en mille, juste au milieu de cette séance, crac ! c’est le drame, la poulie ! Alors que ce n’était pas la première fois que je faisais cette voie, mais comme je suis dans la perf, j’ai répété ces moves et répété, répété et clac ! 

Ce petit exemple très caricaturé pour expliquer que ces pensées, ces émotions, ces tensions qu’à ressenti ce personnage fictif (qu’il ressentait sans en avoir conscience) ce sont accumulées au seul endroit possible pour lui : dans son corps ! Cette accumulation peut accentuer un point ou une zone de faiblesse dans les structures utilisées lors de la pratique de l’escalade.

Ces facteurs ont un rôle à jouer mais en aucun cas on ne peut les éviter ou les anéantir ! Et la pratique du sport pour se libérer de ces tensions ou pensées est plus que salvatrice, alors comment faisons-nous ? 

Nous n’aurons pas besoin de passer par une série d’introspection et de libération émotionnelle systématiquement avant d’aller grimper (quoique ça pourrait être judicieux!). Néanmoins, nous pourrons mettre en place pleins de choses pour prévenir les prochaines blessures . Je t’invite à aller faire un tour sur le compte de Julien pour la prévention des blessures en escalade.

En attendant, notre personnage fictif s’étant blessé, il pourra aider son corps à cicatriser et s’auto-guérir grâce à un accompagnement par un kinésithérapeute (comme Julien spécialisé dans ce domaine) et par des techniques complémentaires que je développe dans les chapitres suivant.

3 – Post blessure, le point de vue du kiné (Julien Remillieux)

La première chose à faire est sans doute de comprendre pourquoi nous nous  sommes blessés, cela permettra de diminuer le risque de récidive et de mettre en place plus facilement le bon traitement.

Dans certains cas il pourra y avoir un aspect mécanique à corriger, mais dans la plupart des cas il peut s’agir de prises de consciences à avoir sur sa pratique et son corps, des changements récents effectués, un manque de progression, des douleurs ou une fatigue à laquelle nous n’avons pas prêté assez attention etc..

Votre corps va dans un premier temps réagir en essayant de cicatriser le tissu lésé, ce phénomène d’inflammation est normal et il ne faut pas chercher à le stopper. L’inflammation fait partie du processus de guérison, il peut être nécessaire de la réguler si elle est trop importante et douloureuse mais gardez en tête qu’elle est physiologique et nécessaire.

Dans certains cas de douleurs chroniques, il peut même arriver que l’on cherche à relancer ce processus d’inflammation pour que le corps réagisse et cicatrise la zone blessée.

La gestion de votre hygiène de vie au sens large (sommeil, alimentation, stress) sera tout aussi importante que tous les exercices que vous pourrez mettre en place, pour que votre corps ait l’énergie nécessaire à sa guérison. 

C’est pour cela que la naturopathie à sa place au même titre que d’autres aspects dans la prise en charge globale des patients.